Lettre ouverte
J'aime la nuit habituellement, je la trouve belle, inspirante, elle ressemble a une feuille de papier, à un stylo, à des notes de musique, à la mélancolie, à la tristesse.
Même la tristesse, je l'aime d'habitude, je plonge dedans, c'est mon bonheur à moi, c'est mon amour auquel je n'ai jamais peur de dire "je t'aime".
Mais là, je ne l'aime plus la nuit, elle me fait peur, parce que la vraie tristesse, les perles sur les joues, la boule au ventre, j'ai compris ce que ça faisait, le mal qui ronge, j'ai compris. Et je ne l'accepte pas, je ne peux pas le croire, c'est un cauchemar, dites moi que l'on va se réveiller et que tout redeviendra normal demain, que celui qui est parti reviendra, qu'il ira bien, que rien n'est vrai, dites le moi. Aller, dites le moi, que j'arrive à regarder les photos, à écouter la voix.
Dites le, pour que j'arrête de fumer autant de cigarettes en écrivant ce message, que j'arrête de rire pour ne pas pleurer.
C'est à vous que j'écris mon Dieu, c'est à vous, qui savez tout, qui voyez tout.
Dites moi que vous êtes là, que vous nous attendez, que vous prenez soin de ceux qui ne sont plus là, que cette vie n'est que le début d'une autre, que rien n'est de votre faute, que c'est ainsi et que l'on peut rien faire contre le destin parce que là, j'ai envie de tout vous mettre sur le dos, je n'en veux qu'à vous et en même temps, je vous aime encore. Non pas par peur de l'après car je n' en ai pas peur, mais par croyance.
Et si vous ne dites rien, ce qui sera le cas, je me le dirai toute seule, je me dirai que ça ira, j'aurai cette rage en moi que j'ai toujours eu, cette envie d'exister, cette envie de vivre, qui se cache un peu, mais qui est là.
Je l'aurai cette force, comme on l'a tous en nous. Je ne sais pas pourquoi j'écris, je pourrais tout garder pour moi, mais je l'ai trop fait. Plus j'écris et plus je redeviens celle que je suis, celle qui croit que tout est possible, celle qui croit que la vie est belle malgré tout si l'on regarde un peu plus loin que soi.
Je me suis posée la question, "Est ce que je poste ce message ou non?
Je le poste comme si je disais je t'aime, par égoïsme, parce que j'en ai besoin, pour recommencer à aimer la nuit, à aimer le jour, à accepter les choses, pour ne pas faire semblant d'aller bien, mais pour aller mieux.
Lucie.